Résumé ultra-court
Le réflexe de marche automatique est un réflexe archaïque déclenché chez le nourrisson lorsqu’on le maintient debout, provoquant une alternance de mouvements des jambes qui préfigure la marche.
Lecture vulgarisée (parents)
Dès la naissance, si vous soutenez votre bébé sous les aisselles, les pieds en contact avec une surface plane, il va naturellement effectuer des mouvements de pas. Ce phénomène est appelé réflexe de marche automatique, ou marche primitive. Il s’agit d’un réflexe involontaire programmé dans le cerveau archaïque du nourrisson.
Ce réflexe est temporaire : il disparaît généralement entre 4 et 6 semaines. Pourtant, il prépare déjà les connexions motrices et sensorielles qui permettront à l’enfant de tenir debout, d’avoir confiance en ses appuis, puis d’apprendre à marcher vers 12 mois.
Lecture approfondie (professionnels de la petite enfance, enseignants, éducateurs)
Qu’est-ce que le réflexe de marche automatique ?
Le réflexe de marche automatique appartient à la famille des réflexes moteurs primitifs. Il est observable immédiatement après la naissance chez un bébé en bonne santé : placé debout, en appui, il enchaîne naturellement des mouvements alternés de jambes, comme s’il marchait.
Ce n’est pas un comportement appris, ni une action volontaire : c’est une réponse automatique du système nerveux central, intégrée dans les structures sous-corticales (tronc cérébral, moelle, circuits moteurs spinaux).
Pourquoi est-ce important ?
Ce réflexe :
- Stimule les appuis plantaires précoces.
- Met en place un rythme locomoteur croisé (jambes alternées).
- Crée un lien entre les appuis et la posture du tronc.
- Prépare les circuits de coordination entre les hémicorps.
Lecture experte (psychomotriciens, kinésithérapeutes, neuropédiatres)
Le réflexe de marche automatique est activé par une stimulation plantaire (pression sous le pied) associée à une verticalisation partielle du tronc. Il engage une alternance des membres inférieurs via l’activation des circuits locomoteurs spinaux, indépendants de l’activité corticale.
Il est considéré comme un marqueur de :
- Bon fonctionnement du tronc cérébral.
- Intégrité motrice des voies descendantes.
- Maturation tonique du tronc et des ceintures scapulaire/pelvienne.
Ce réflexe n’est pas seulement une phase “mignonne” : c’est un signal neurologique important dans le bilan développemental du nourrisson.
Le rôle dans le développement moteur
Fonctions principales du réflexe
- Établir une empreinte rythmique dans le système moteur.
- Créer un schéma corporel dynamique en vue de l’équilibration.
- Stimuler les appuis réflexes dans les pieds et chevilles.
- Déclencher la différenciation gauche/droite par les mouvements alternés.
Ce réflexe soutient également le développement du système vestibulaire (équilibre), proprioceptif (repérage dans l’espace), et inter-hémisphérique (coordination motrice croisée).
Quand et comment il disparaît ?
Le réflexe de marche automatique suit une chronologie claire :
| Âge | Comportement observable |
| Naissance | Réflexe actif si les pieds touchent le sol |
| 2 semaines | Réflexe encore visible |
| 4-6 semaines | Disparition progressive |
| 9-12 mois | Réapparition en version intégrée → marche volontaire |
Il disparaît volontairement pour laisser la place à des mouvements volontaires plus différenciés, puis réémerge dans une version mature et contrôlée : la marche.
Une persistance ou une disparition prématurée peut signaler une désorganisation motrice.
Effets d’une persistance : démarche, appuis, posture
Lorsque le réflexe de marche automatique n’est pas correctement intégré, cela peut engendrer :
Chez l’enfant
- Démarche raide ou désorganisée.
- Difficulté à dérouler le pied (appui talon-plante-orteils).
- Tendance à marcher sur la pointe des pieds.
- Retard de la marche ou instabilité posturale.
Chez l’enfant plus grand ou l’adulte
- Pieds plats fonctionnels, mauvaise proprioception.
- Fatigue à la marche, chute fréquente.
- Difficultés sportives ou douleurs musculo-articulaires.
Ces signaux sont souvent attribués à tort à un manque de coordination ou à une “maladresse”. En réalité, un réflexe primitif actif peut en être la cause sous-jacente.
Activités de stimulation ou d’intégration
Pour stimuler le réflexe de manière naturelle
- Laisser le bébé pieds nus le plus souvent possible.
- Le porter dans des positions verticales dynamiques (contre le torse, en écharpe…).
- Proposer des jeux au sol : ramper, pousser sur les pieds.
- Laisser l’enfant grimper, monter, descendre des petits obstacles (en sécurité).
Pour intégrer un réflexe persistant
- Marcher sur des surfaces variées (mousse, sable, tapis texturés).
- Exécuter des mouvements croisés bras-jambe, à quatre pattes ou debout.
- Réaliser des exercices rythmés pieds-mains, accompagnés d’un professionnel si nécessaire.
- Éviter les outils de marche prématurés (trotteurs, youpalas), qui freinent l’intégration motrice naturelle.
Liens avec d’autres réflexes
Réflexe de Babinski
→ Le réflexe plantaire conditionne la stabilité du pied. Un Babinski persistant empêche un appui plantaire stable.
Réflexe de Galant
→ Galant agit sur le tronc. Un Galant actif peut entraîner des déséquilibres latéraux, perturbant l’alignement nécessaire à la marche.
Ces réflexes forment un réseau posturo-locomoteur : leur intégration conjointe permet une marche fluide, stable et efficace.
Conclusion
Le réflexe de marche automatique est l’un des premiers dialogues entre le bébé et la gravité. Il initie un cycle fondamental de coordination, de repérage corporel et de mise en route motrice.
Lorsqu’il s’intègre correctement, il pose les bases solides de la locomotion future. Lorsqu’il persiste ou disparaît mal, il peut provoquer des déséquilibres posturaux et moteurs durables.
La bonne nouvelle ? Des stimulations simples, quotidiennes et ludiques, accompagnées d’un regard professionnel au besoin, suffisent souvent à remettre le système en mouvement.
Aller plus loin
🔗 Réflexe de Babinski →
🔗 Réflexe de Galant →
🔗 Réflexe Tonique Symétrique du Cou (RTSC) →