
Imaginez un instant : un nourrisson, allongé dans son berceau. Un bruit sec retentit. Instantanément, il écarte les bras, ouvre ses mains, puis les referme. Ce mouvement, vous ne le lui avez pas appris. C’est une réaction archaïque. Un vestige neurologique de notre évolution.
Ces mouvements automatiques, appelés réflexes archaïques, sont programmés dès la vie intra-utérine. Ils sont essentiels pour la survie, l’attachement, le développement moteur et sensoriel du bébé. Pourtant, lorsqu’ils ne s’intègrent pas correctement, ils peuvent interférer avec le développement — parfois de façon invisible — jusqu’à l’âge adulte.
Ce guide complet vous offre les clés pour comprendre leur rôle, leur persistance, leurs impacts et leur intégration. Que vous soyez parent, éducateur, thérapeute ou simplement curieux, cette exploration pourrait bien changer votre regard sur le comportement et la posture, chez l’enfant… comme chez l’adulte.
Un réflexe archaïque (ou réflexe primitif) est une réponse motrice automatique, stéréotypée, qui apparaît chez le fœtus ou le nourrisson. Il est déclenché par une stimulation sensorielle spécifique (toucher, son, mouvement de la tête…).
Ces réflexes sont produits par le tronc cérébral, une région ancienne du cerveau, et précèdent tout contrôle volontaire. Leur rôle est fondamental :
Ces réflexes doivent progressivement être inhibés ou “intégrés” entre 3 mois et 1 an. Cela signifie qu’ils laissent place à des réponses motrices plus matures et volontaires, sous contrôle cortical.
Chez certains enfants (et adultes), un ou plusieurs réflexes archaïques restent actifs au-delà de l’âge attendu. Cette non-intégration peut avoir plusieurs causes :
Il est également possible que certains réflexes aient été partiellement intégrés, ce qui complexifie leur repérage et leurs effets à long terme.
Un ou plusieurs réflexes actifs peuvent interférer avec :
Exemple :
Un enfant avec un RTAC actif (Réflexe Tonique Asymétrique du Cou) aura du mal à coordonner ses yeux et ses mains. Écrire devient une épreuve. Son corps se crispe dès qu’il tourne la tête. Il fatigue vite en classe.
Les réflexes non intégrés à l’âge adulte peuvent se traduire par :
Par exemple, un adulte avec un réflexe de Moro actif peut vivre dans un état de vigilance permanente. Il sursaute au moindre bruit, dort mal, et lutte en permanence pour “se poser”.
Réaction de sursaut en réponse à un stimulus sensoriel fort. Prépare le système nerveux à la gestion du stress. Un Moro non intégré peut engendrer des réactions de panique, des troubles du sommeil et une hypersensibilité émotionnelle.
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Flexion latérale du tronc lorsqu’on stimule un côté de la colonne vertébrale. Aide à la naissance et à la mise en place de la marche. Sa persistance est liée à des difficultés motrice au niveau du dos et à l’agitation.
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Active l’extension d’un bras et la flexion de l’autre selon la rotation de la tête. Essentiel à la latéralisation. Sa persistance perturbe l’écriture, la lecture et la coordination.
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Lié aux mouvements de tête avant/arrière et leur impact sur les bras/jambes. Prépare le passage assis/quatre pattes. S’il reste actif : difficulté de posture, d’équilibre et de tonus.
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Fermeture automatique des doigts sur un objet. Important pour l’attachement et la motricité fine. Peut interférer avec l’autonomie manuelle et la fluidité de l’écriture.
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Extension des orteils lors d’une stimulation plantaire. Permet d’évaluer la maturation neurologique. Persistance : tensions dans les pieds, troubles de la marche.
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Mouvements de pas lorsque le bébé est soutenu debout. Il anticipe le schéma de la marche. Persistance : démarche rigide, appui inégal, fatigue en station debout.
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Rotation automatique de la tête vers un stimulus facial. Sert à la tétée et au développement oro-facial. Sa persistance peut engendrer des troubles de succion, mastication, langage.
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Un professionnel formé (psychomotricien, kinésithérapeute, coach sportif, ergothérapeute spécialisé) peut réaliser un bilan réflexes archaïques.
Des séances ludiques, des mouvements rythmiques, du jeu au sol et des stimulations croisées suffisent souvent à intégrer les réflexes chez les tout-petits.
Un bilan par un professionnel LabO RNP, accompagné d’un suivi spécifique permet une intégration durable. Contacter un professionnel RNP.
Même à 30, 40 ou 60 ans, le cerveau peut réorganiser ses connexions. Le travail est plus long, mais libérateur.
La clé ? La répétition lente, consciente et croisée du mouvement réflexe jusqu’à sa désactivation automatique.
Dans un monde où les enfants sont assis trop tôt, bougent trop peu, sont hyperstimulés mais sous-coordonnés, les réflexes primitifs sont moins souvent intégrés naturellement. On voit émerger :
Ce ne sont pas seulement des “problèmes scolaires” ou “de stress”. Ce sont parfois des réponses neurologiques immatures qui attendent encore d’être intégrées.
Les réflexes archaïques sont les fondations invisibles du développement humain. Lorsqu’ils sont bien intégrés, ils libèrent le mouvement, l’attention, l’émotion, la confiance. Lorsqu’ils persistent, ils tirent en arrière.
Mais il n’est jamais trop tard. Le corps garde en mémoire ses chemins réflexes. Il suffit de les revisiter, patiemment, pour libérer un potentiel insoupçonné.