Quel rôle joue la vergence dans la stabilité ?

Sommaire

La vergence désigne les mouvements disjoints des yeux : convergence pour fixer une cible proche, divergence pour une cible lointaine. 

Bien plus qu’un simple réglage optique, ce mécanisme constitue un levier sensorimoteur,  il enrichit le feedback visuel, stimule la proprioception oculomotrice et modifie en temps réel l’organisation posturale.

Un « zoom » qui recalcule la posture

Lorsque la cible se rapproche, l’angle de convergence augmente ; cette variation modifie la carte spatiale dans le cortex pariétal et déplace subtilement la représentation interne du corps. 

Dans un test de Romberg, fixer une cible à 40 cm réduit l’ellipse de sway de façon significative par rapport à une cible à 3 m (Lê & Kapoula 2008) .

Couplage œil – pied : capteurs synchronisés

La contraction des muscles oculomoteurs en convergence active les fuseaux neuromusculaires oculaires ; ces afférences rejoignent au cervelet les signaux cutanés plantaires, abaissant la variabilité du centre de pression d’environ 20 % chez l’adulte sain (Mathieu 2025) . 

Ainsi, un simple « exercice de stéréogramme » recrute simultanément vision et tact pour stabiliser le corps.

Boost des ajustements anticipés

La convergence excite les noyaux vestibulaires via les voies réticulo-oculaires ; le tonus des extenseurs posturaux augmente avant le mouvement volontaire. 

Dans un protocole où des étudiants réalisaient 3 × 15 s de convergence entre deux countermovement-jumps, le temps de stabilisation après réception chutait de 0,85 s à 0,66 s (-22 %) et le pic de force progressait légèrement .

Plasticité rapide et transfert moteur

Huit séances (8 min, trois fois par semaine) de convergence/divergence maintiennent les gains de stabilité pendant deux semaines sans entraînement supplémentaire ; chez des basketteurs, la même routine réduit de 15 % l’erreur latérale en dribble, preuve que la vergence influe aussi sur la motricité latérale dynamique .

Limites et indications

L’effet est moindre en cas de déficit accommodatif ou de fatigue visuelle ; l’entraînement doit rester court pour éviter diplopie et surcharge. 

En pratique : rééducation post-entorse (améliorer l’anticipation), échauffement d’athlètes explosifs, prévention de vertiges liés aux troubles de convergence (Morize & Kapoula 2017).

En résumé, la vergence n’est pas qu’un réflexe de lecture : en modulant la perception de profondeur, elle resynchronise la boucle sensori-motrice, accélère les ajustements anticipés et améliore la stabilité statique comme dynamique. 

Quelques minutes de convergence ciblée suffisent donc à affûter le système postural… et à préparer des gestes plus puissants et précis.


Références

  • Lê H. & Kapoula Z. (2008). Effects of fixation distance on postural sway during Romberg stance.
  • Mathieu L. (2025). L’impact de la vergence oculaire dans les exercices de force (mémoire IFMK).
  • Matsuura T. et al. (2024). Convergence exercises improve postural adjustments in athletes. Citée dans Mathieu 2025.
  • Morize A. & Kapoula Z. (2017). Convergence rehabilitation and postural control.
  • Daniel F. et al. (2017). Vergence, cognition and balance.

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