Comment le vestibule détecte-t-il les mouvements ?

Sommaire

Le vestibule, niché dans l’oreille interne, fonctionne comme un gyroscope biologique. 

Il convertit les accélérations de la tête en signaux électriques grâce à deux familles de capteurs mécano-récepteurs : les canaux semi-circulaires pour les rotations et les otolithes (utricule & saccule) pour les translations et la gravité.

Rotations : le principe d’inertie endolymphatique

Chaque canal semi-circulaire (latéral, antérieur, postérieur) est un tube rempli d’endolymphe et terminé par une crista ampullaire coiffée d’une cupule gélatineuse.

  1. La tête tourne ; l’endolymphe, par inertie, reste immobile pendant quelques millisecondes.
  2. La cupule se déforme sous la poussée du fluide, inclinant les stéréocils des cellules ciliées.
  3. Si les cils se penchent vers le kinocil, les canaux K⁺ s’ouvrent → dépolarisation → fréquence de décharge nerveuse ↑ ; dans l’autre sens, hyperpolarisation → fréquence ↓.


Ainsi, une rotation droite excite le canal horizontal droit et inhibe le gauche : le système encode la direction et la vitesse angulaire en opposant les deux hémisphères (Purves 2019, chap. 14) .

Translations & gravité : le tapis d’otoconies

Les macules de l’utricule (plan horizontal) et du saccule (plan vertical) portent une membrane gélatineuse alourdie par des cristaux de carbonate de calcium : les otoconies.

  • Lors d’une accélération linéaire ou d’un changement d’inclinaison, les otoconies se déplacent par inertie, cisaillant les cils des cellules sensorielles.
  • Comme dans les canaux, l’inclinaison vers le kinocil ouvre des canaux K⁺ ; le cerveau déduit alors l’angle par rapport à la verticale et la magnitude de la translation.


Ces organes sont sensibles dès 0,1 m/s² : rouler en voiture ou simplement pencher la tête suffit à les activer (Schubert & Minor 2014, chap. 2) .

Codage dynamique et statique

  • Haute fréquence (≥ 2 Hz) : les canaux répondent au changement de vitesse (dΦ/dt) ; si la rotation devient constante, l’endolymphe rattrape le mouvement → signal retombe.
  • Basse fréquence / position statique : les otolithes maintiennent un signal tonique proportionnel à la pente gravitaire ; ils informent donc en continu sur la verticale (Purves 2019) .

Intégration nerveuse

Les potentiels afférents gagnent quatre noyaux vestibulaires dans le tronc cérébral puis :

  • motoneurones oculaires (réflexe vestibulo-oculaire, RVO) ;
  • motoneurones extenseurs (faisceaux vestibulo-spinaux) ;
  • cervelet et cortex pariétal (perception consciente du mouvement).

Un gain RVO normal (~ 1) permet de lire en courant ; une lésion canalique diminue ce gain (< 0,7), entraînant oscillopsies et instabilité (Schubert & Minor 2014, chap. 6) .

En résumé, le vestibule transforme inerte et gravité en déformations ciliées : les canaux mesurent les rotations grâce au retard de l’endolymphe, les otolithes mesurent translations et inclinaisons via la traction des otoconies. 

Cette double détection alimente les réflexes qui stabilisent le regard, ajustent le tonus et informent le cerveau de l’orientation dans l’espace.

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